Les palmiers dattiers en Tunisie : Un trésor culturel et économique

La Tunisie, avec son climat chaud et sec, est l'une des plus grandes productrices de dattes au monde. Le palmier dattier, symbolisant la résilience et la beauté des oasis tunisiennes, est au cœur de l’économie locale et de la culture du pays.

Une économie importante pour le pays et ses habitants

En Tunisie, le palmier dattier n’est pas qu’un symbole du Sud : c’est un pilier de l’économie nationale. Avec une superficie de plus de 57 000 hectares* consacrée à sa culture le palmier dattier occupe une place essentielle dans l’agriculture tunisienne. Il représente environ 13 % de la superficie arboricole du pays*.

Chaque année, la Tunisie produit en moyenne plus de 330 000 tonnes de dattes (saison 2020/2021)*, ce qui la place parmi les principaux exportateurs mondiaux. En 2021, les dattes tunisiennes représentaient 15,7 % des exportations alimentaires** et 12 % du marché mondial des dattes***. Exportée vers plus de 80 pays à travers le monde — de l’Europe à l’Amérique du Nord, en passant par l’Asie et le Moyen-Orient — la datte tunisienne jouit d’une réputation internationale. Sa qualité exceptionnelle, sa saveur raffinée et ses bienfaits nutritionnels en font l’un des trésors agricoles les plus appréciés du pays.

Mais derrière ces chiffres, il y a avant tout des vies : plus de 50 000 agriculteurs (2015) travaillent dans les oasis du Sud, souvent à la tête de petites palmeraies de 1 à 3 hectares. Pour eux, la culture du palmier dattier est une tradition, un savoir-faire transmis de génération en génération, mais aussi la principale source de revenus dans ces régions arides.

La Deglet Nour : la “Reine des Dattes”

La Tunisie compte plus de 200 variétés de dattes, mais une seule domine toutes les autres : la Deglet Nour, littéralement “Doigt de lumière”. Elle représente plus de 70 % de la production nationale et fait la fierté du pays.

Appréciée pour sa texture fondante, sa couleur dorée translucide et son goût mielleux, la Deglet Nour est considérée comme l’une des meilleures dattes au monde. Véritable fierté nationale, la Tunisie concentre à elle seule plus de la moitié des palmiers produisant cette variété emblématique. C’est d’ailleurs elle qui fait du pays le premier exportateur mondial en valeur, avec près de 120 000 tonnes exportées en 2021**, générant plus de 700 millions de dinars de recettes**, soit environ 210 millions d’euros.

Sa culture est un art en soi. De la pollinisation manuelle au tri méticuleux des fruits, chaque étape demande soin et savoir-faire que nous aurons le plaisir de partager à travers d'autres articles.

Les produits dérivés : rien ne se perd

Le palmier dattier est une ressource complète : tout se transforme, rien ne se jette. Ces dernières années, la valorisation des dattes et de leurs dérivés s’est beaucoup développée en Tunisie.

Des entreprises se sont spécialisées dans la transformation de la Deglet Nour, créant une nouvelle dynamique économique autour de ce fruit. On y produit du sirop de dattes, du sucre naturel, de la pâte ou encore un substitut de café conseillé aux diabétiques. Les noyaux servent à fabriquer des objets artisanaux, des accessoires, voire des éléments de décoration comme des chemins de table ou des boîtes en bois de palmier.

Comme le souligne Siham Hamadi, directrice technique chez Deyma (entreprise de transformation) : « Tout est à conserver dans la datte. On ne jette presque rien. » Certaines productions haut de gamme sont même offertes comme cadeaux diplomatiques à des personnalités internationales, preuve du prestige de la Deglet Nour tunisienne.

Cette diversification renforce la valeur ajoutée locale et ouvre de nouvelles opportunités pour les artisans et entrepreneurs du Sud, tout en réduisant le gaspillage.

Douz, la porte du désert

Située au cœur du gouvernorat de Kébili, la région qui concentre plus des deux tiers des palmeraies tunisiennes, Douz est l’une des oasis les plus importantes du pays. Elle incarne à elle seule la richesse et la vitalité de la culture du palmier dattier en Tunisie.

Souvent surnommée « la porte du Sahara », Douz est un lieu emblématique où la tradition nomade et la culture oasienne se rejoignent. Autrefois, les tribus s’y arrêtaient au gré des routes caravanières. Peu à peu, la présence d’eau et la fertilité du sol ont permis leur sédentarisation (mais nous consacrerons un jour un article – voire plusieurs – à la sédentarisation des nomades du sud tunisien, car il s’agit d’un processus complexe aux sources multiples).

Avec plus de 500 000 palmiers dattiers, les palmeraies de Douz et des villages alentours s’étendent à perte de vue, véritables joyaux au cœur de ces terres arides. Les dattes, notamment la variété Deglet Nour, y sont très réputées. Les habitants aiment dire, non sans fierté, qu’elles sont les meilleures de Tunisie… voire du monde. Douz vit au rythme de sa palmeraie : chaque automne, la récolte transforme la ville en une véritable ruche vivante : familles, jeunes et anciens s’activent, grimpent aux palmiers, coupent et conditionnent les grappes…

En effet, aujourd’hui encore, la majorité des habitants vivent de cette culture, qui constitue bien plus qu’une activité économique : un lien profond avec la terre et les traditions.

Image satellite de la région de Douz. Les tâches foncées représentent les palmeraies (Google Map)

Le palmier dattier est bien plus qu’un arbre pour la Tunisie : c’est une source de vie, un héritage culturel et un pilier économique pour des milliers de familles.Mais derrière l’image éclatante de la Deglet Nour, tout n’est pas aussi doré qu’il y paraît.Derrière ce tableau florissant se cache une réalité bien plus contrastée pour les agriculteurs : des difficultés à écouler leur production, des prix de rachat au kilo dérisoires au regard de la valeur réelle du produit et de la pénibilité du travail qu’il exige. Surtout, le marché est largement dominé par quelques grands acteurs qui fixent les règles du jeu et conditionnent, souvent injustement, la vie de milliers de familles du sud tunisien.

Alors, continuons de soutenir la Tunisie et ses agriculteurs en choisissant ces merveilleuses Deglet Nour tunisiennes. Une double bonne action : pour eux, mais aussi pour votre corps car ce fruit d’exception a de multiples bienfaits, qui feront justement l’objet de notre prochain article.

*DGPA, 2022

** Calcul de l’ONAGRI d’après les données INS+ Douane

*** Calcul de l’ONAGRI d’après Trade map

Sources:

Fiche filère dattes (2022), DGPA (Direction Générale de la Production Agricole)

Les exportations dérivés de dattes triplent en 5 ans, Kapitalis, 2025

Faten Khamassi, 2015, Rapport sur l´analyse de la chaine de valeur du palmier – dattier et ses dérivés, Innovation, Développement Economique régional et Emploi (IDEE)

G. Camps, « Dattes/Dattiers », Encyclopédie berbère, 15 | 1995, 2234-2245.

Wejden Jlassi, 2022, "Tunisie/Deglet Nour : le nec plus ultra de la datte méditerranéenne", AA

https://www.azzed-dattes.com/